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ne restreint que des actes isolés ; dans le second, il détermine déjà davantage leur façon d’agir en général ; dans le troisième, enfin, il détermine leur caractère et leur manière de penser. Aussi, dans le premier cas l’influence de la délimitation est-elle fort petite, dans le second plus grande ; énorme dans le troisième, en partie parce que l’on agit sur la source d’où découlent plus d’actions, en partie parce que la possibilité de l’action même exige plus de dispositions.

Toutefois, autant les branches de l’influence de l’État paraissent différentes, autant il est difficile de trouver une disposition de l’État qui ne touche pas à plusieurs choses à la fois : c’est ainsi, par exemple, que la sûreté et le bonheur dépendent étroitement l’un de l’autre. Ce qui ne restreint que des actions isolées agit d’une manière générale sur le caractère, lorsque la fréquence de l’emploi qu’on en fait devient une habitude. Il serait fort difficile de trouver une distribution de tout ceci convenable pour la marche de notre étude. Le mieux est avant tout de rechercher si l’État doit se proposer pour but le bien-être positif de la nation, ou seulement sa sûreté, d’examiner dans toutes ses prescriptions ce qu’elles ont surtout pour objet et pour conséquences, et d’étudier les moyens que l’État essaye pour atteindre chacun de ces deux buts.

Je parle ici de tout travail de l’État pour augmenter le bien-être positif de la nation, de tout soin pour la population du pays, pour l’entretien des habitants, soit direct, par l’établissement de maisons de charité, soit indirect, par l’encouragement de l’agriculture, de l’in-