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plus achevée. Elle apparaît graduellement aux yeux, quand on considère la tige ; des feuilles plus tendres se montrent comme pour s’unir ; elles se resserrent plus étroitement, jusqu’à ce que le calice paraisse donner satisfaction au désir de la plante[1]. Cependant le règne végétal n’est pas favorisé du sort. La fleur tombe et le fruit reproduit immédiatement la tige, qui, d’abord informe, se parfait aussitôt. Quand la fleur se flétrit chez l’homme, elle fait place au fruit qui est plus beau ; et l’infini éternellement insondable voile à nos yeux le charme du fruit le plus magnifique. Or, ce que l’homme reçoit du dehors n’est que la semence. Si belle qu’elle soit en elle-même, c’est l’énergie de son activité qui doit la rendre féconde. Mais sa bienfaisante influence sur l’homme existe toujours en proportion de ce qu’elle est elle-même originale et vigoureuse. Pour moi, l’idéal le plus élevé de la société des êtres humains serait l’État où chacun se développeraît par lui-même et suivant sa propre volonté. La nature physique et morale rapproche ces hommes les uns des autres, et, de même que les luttes de la guerre sont plus glorieuses que celles du cirque, de même que les combats des citoyens irrités sont plus honorables que ceux des mercenaires qu’on pousse, de même les luttes entre les forces de tels hommes prouveraient et produiraient en même temps la suprême énergie.

N’est-ce pas là ce qui nous attache si vivement à l’antiquité grecque et romaine ? Et non-seulement nous,

  1. Gœthe, Des métamorphoses des plantes. xxxx(Note de l’auteur.)