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II
ÉTUDE DE L’HOMME CONSIDÉRÉ COMME INDIVIDU, ET DES FINS DERNIÈRES LES PLUS ÉLEVÉES DE SON EXISTENCE.


La dernière et la plus haute fin de chaque homme est le développement le plus élevé et le mieux proportionné de ses forces dans leur individualité propre et particulière. — Les conditions nécessaires pour qu’elle soit atteinte sont la liberté d’action et la variété des situations. — Application immédiate de ces principes à la vie intérieure de l’homme. — Leur justification par l’histoire. — Principe fondamental pour cette étude tout entière auquel conduisent ces considérations.

Le vrai but de l’homme, non pas celui que le penchant mobile de chacun, mais celui que la raison éternelle et immuable lui assigne, c’est le développement le plus large et le mieux proportionné de ses forces dans leur ensemble. Toutefois l’extension des forces humaines exige encore une autre condition qui se relie étroitement à la liberté, la diversité des situations. L’homme, même le plus libre, le plus indépendant, quand il est placé dans un milieu uniforme, progresse moins[1]. Cette diversité est d’abord une conséquence

  1. Cette condition, exigée par Humboldt, l’a été rarement chez nous. Beaucoup, et des meilleurs, paraissent même la repousser. M. de Rémusat n’est pas de ce nombre. Il dépeint et combat la tendance de ceux pour qui la formation d’une matière sociale similaire et malléable dans toutes ses parties a été, en France, la véritable