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en singularisant leurs costumes. Hélas ! que gagne-t-on en avilissant les hommes ? à coup sûr on les rend pires.

Au-lieu de combler l’intervalle qui sépare les Juifs de nous, on s’est plu à l’aggrandir ; loin de leur fournir des motifs pour s’éclairer, s’améliorer, on leur a fermé toutes les avenues du temple de la vertu & de l’honneur. Que pouvoit devenir le Juif accablé par le despotisme, proscrit par les loix, abbreuvé d’ignominie, tourmenté par la haine ? Il ne pouvoit sortir de sa chaumiere sans rencontrer des ennemis, sans essuyer des insultes. Le soleil n’éclairoit que ses douleurs ; martyr de l’opinion, il n’avoit rien à perdre ni à gagner pour l’estime publique, même lorsqu’il se convertissoit, parce qu’on ne vouloit croire ni à sa sincérité ni à sa vertu. Il étoit méprisé, il est devenu méprisable ; à sa place, peut-être eussions-nous été pires.

Shaftesbury observe que les Juifs sont naturellement sombres & mélancoliques(31) ; cela est concevable chez des gens toujours environnés de terreurs : delà ce coup d’œil faux & sinistre, cet air contraint & timide qui regne sur leur physionomie & se développe dans toutes leurs attitudes. Leur crainte est un fruit de l’esclavage, la misere a flétri leur cœur, le désespoir a provoqué