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tionnera l’industrie, enchaînera le monopole, & maintiendra le bas prix.

À force d’encourager les Juifs, insensiblement ils adopteront notre maniere de penser & d’agir, nos loix, nos usages & nos mœurs. Mais nos mœurs, gagneront-elles en les adoptant ? J’ai toujours craint cette question.

Qu’on suppose un pays, où mis à part le petit nombre des sages, une partie de la nation auroit de la religion sans la raisonner, & l’autre déraisonneroit pour n’en point avoir, où ce qu’on appelle honneur ne seroit qu’un brillant fantôme substitué à la vertu, où jaloux de capter l’estime publique on s’inquiéteroit peu d’être ce qu’on veut paroître, où l’impérieuse frivolité refuseroit au mérite des hommages prodigués aux fantaisies de la mode & aux travers du bel esprit, où le grand nombre incapable de grandes vertus & même de grands crimes, n’auroit que des passions empreintes du caractere de la bassesse : je le demande, de telles mœurs seroient-elles un modele à présenter ? & si ces mœurs étoient les nôtres, ne faudroit-il pas appréhender que les Juifs, après avoir été artisans de notre luxe, & témoins de notre dépravation, n’en fussent bientôt les victimes ? Quelques avantages qu’ils pussent se promettre en devenant citoyens, s’il étoit sûr qu’ils