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ESSAI
sur la
PROPRIÉTÉ FONCIÈRE INDIGÈNE
au sénégal

La propriété foncière du Sénégal repose sur une législation et des principes incertains, confus, et parfois même contradictoires. Il n’y a donc pas lieu, de s’étonner des conflits de plus en plus fréquents qui s’élèvent entre particuliers comme entre ceux-ci et, le domaine, relativement à la possession du sol.

Ils eussent été évités ou tout au moins considérablement atténués, si lors de l’occupation des districts situés sur le continent, on avait pris soin de déterminer quelles étaient les terres dont les détenteurs pouvaient se considérer comme propriétaires incommutables et quelles étaient celles que le Gouvernement se réservait de concéder, et si, en outre, à l’instar de ce qui s’est passé dans plusieurs colonies, on avait soumis les transactions immobilières à certaines formalités, telles que : la publicité, l’enregistrement administratif et la délimitation préalable.

Au lieu de procéder ainsi, l’État a préféré « laisser faire » et son indifférence a été si grande, qu’il a assisté sans s’émouvoir à l’aliénation de terrains sur lesquels ses droits étaient incontestables.

Aussi lorsque plus tard, voulant élever des constructions sur ces mêmes terrains, il a émis la prétention de reprendre son bien, il s’est entendu faire la célèbre réponse de Tartuffe à Orgon :

« C’est à vous de sortir, vous qui parlez en maître »