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jamais. Ils ignorent ce dont ils parlent ; ils donnent du même mot les interprétations les plus diverses et se garderaient bien de faire un choix.

Faut-il demander à Platon, à Xénophon, à Aristote, qui dissertent volontiers sur la dignité de la danse, sur ses bienfaits, de nous apprendre ce qu’elle est ? Mieux vaudrait s’adresser aux comiques, aux tragiques même, dont les personnages dansent et parfois en scène, disent comment ils dansent.

Toutes ces indications fournies par les textes ont, à coup sûr, une valeur et un intérêt. On en peut tirer des vues d’ensemble et y découvrir toute une philosophie de la danse bien faite pour nous surprendre ; on y trouve aussi d’utiles commentaires des monuments figurés. Mais à elles seules elles restent stériles.

5. La méthode qui s’impose pour étudier la danse grecque antique est donc toute différente de celle qu’on a suivie jusqu’ici : c’est aux images orchestiques relevées sur les vases et les reliefs que nous demanderons nos premières leçons de danse.

Ces Images nous apprendront comment les Grecs dansaient dans l’espace ; — la Rythmique nous aidera ensuite à découvrir comment ils dansaient dans le temps ; — les Textes nous diront pourquoi ils dansaient et quelle valeur morale était attribuée à la danse. En dernier lieu il faudra, par un effort de synthèse, chercher à concilier des témoignages si nombreux et d’ordres si divers, montrer que les mouvements, les rythmes, l’esthétique de cet art s’unissaient dans un harmonieux ensemble. On n’a d’autre ambition, dans cet Essai, que d’indiquer une méthode rigoureuse applicable à l’étude de l’orchestique grecque. Afin de parvenir à ce but, on divisera les difficultés « pour les mieux résoudre ».

Nous supposerons d’abord que seuls les monuments figurés nous parlent de la danse grecque, et nous éliminerons provisoirement toutes les autres sources.

Quels sont ces monuments ? Comment doit-on les interpréter ? Quelle est la valeur des indications qu’ils fournissent ? Quelles conventions comportent-ils ?

6. Les monuments figurés, auxquels sont empruntées les représentations orchestiques qui sont la base de cette étude, s’échelon-