Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aucun effort pour y reparaître. Si la gravité des circonstances put le faire sortir un instant de ses occupations favorites, il y retourna dès que l’orage se fut calmé. Persuadé qu’un progrès, qu’une liberté conquise dans la science ne tarde pas à passer dans l’ordre moral, et devient avec le temps une liberté, un progrès dans l’ordre politique, il crut servir son pays en servant l’histoire de la nature. C’était prendre la question de plus haut, ce n’était pas la négliger. L’esprit humain n’avance pas seulement pas les agitations des États, mais par les lumières de toute sorte qui viennent éclairer sa marche. Ses vues religieuses ne différaient pas moins des idées de son collègue : Cuvier rattachait les déductions scientifiques aux anciennes traditions du genre humain ; Geoffroy essayait au contraire de percer par l’étude de la nature des voies et des échappées nouvelles dans le champ de la philosophie. Son cours fut jugé sous la restauration d’une grande audace. Attaqué à plusieurs reprises par les feuilles du parti-prêtre, l’esprit de ses leçons n’échappa sans doute à l’interdit que par les ténèbres dont ces sortes d’étude étaient alors enveloppées. Du reste, M. Geoffroy Saint-Hilaire ne se montra jamais en lutte ouverte avec les croyances et les institutions établies ; retiré dans la contemplation et l’étude, il menait, comme nous le trouvons écrit dans ses notes, une vie de dévoûment extatique à la science.

Il n’entre ni dans notre pensée, ni dans les convenances de ce livre, d’établir ici un parallèle entre Cuvier et Geoffroy : nous pouvons seulement dire que les deux adversaires avaient reçu de la nature les