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vernement imposé, Geoffroy rentre, la tête haute, dans cette liberté de l’étude qui le console un peu de l’abaissement et de la servitude de son pays.

Arrêtons-nous un instant à cette date fatale, qui se dresse dans la carrière du naturaliste comme une colonne d’airain, et sur laquelle on pourrait inscrire ces mémorables paroles, adressées en 1831 aux électeurs du collège d’Étampes, ses anciens commettans de 1815 : « Je ne pouvais me plaire et me tenir aux fonctions de député que pendant la lutte, et tant qu’il était question d’organiser la France pour la liberté, de défendre l’indépendance nationale. »

Nous avons un instant abandonné le fil des relations entre Geoffroy et Cuvier : nous allons le reprendre à dater des événemens de 1815. L’âge, loin de réunir par degrés deux caractères opposés dans leur direction, prononce chaque jour entre eux des différences qui doivent les séparer à jamais. Au retour de la campagne d’Égypte et de son voyage en Portugal, notre jeune savant ne retrouva plus au Jardin des Plantes l’ami qu’il avait laissé ; Cuvier était devenu, selon l’oracle de Geoffroy lui-même, le législateur de l’histoire naturelle. Une dignité froide avait fait place à ces relations cordiales des premiers ans. La vérité est que les deux confrères ne s’entendaient presque plus sur aucun point de la science ni sur la position à prendre dans la société. Geoffroy Saint-Hilaire mettait à fuir les dignités publiques l’ardeur que Cuvier mettait à les rechercher. Pendant les Cent-Jours, Geoffroy figura, comme nous l’avons dit, à la chambre des représentans ; mais il ne fit sous la restauration