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paru, mais on voit encore les souvenirs de l’expédition d’Égypte inscrits sur les cases du Muséum d’histoire naturelle. Un rapport officiel constate « qu’aucun voyageur, depuis le célèbre Dombay, n’avait autant enrichi les collections que M. Geoffroy Saint-Hilaire. »

En 1807, il est élu membre de l’Institut. Bonaparte, qui se connaissait en hommes, appréciait le caractère et le mérite de notre jeune naturaliste, qu’il avait distingué en Égypte. Dans l’année 1808, il l’envoie pour organiser l’instruction publique en Espagne et en Portugal. M. Geoffroy part, et, toujours fidèle aux intérêts de la science, réunit sur les lieux une fort précieuse collection, qui, par suite d’un traité d’évacuation du Portugal, se trouve, comme celle d’Égypte, en présence des Anglais. Le zélé naturaliste sauve une seconde fois des mains de l’ennemi les caisses qui contenaient un bien loyalement acquis à son pays, en laissant à leur place quatre coffres remplis d’effets qui lui étaient propres, Cette généreuse supercherie n’était pas sans danger, mais elle eut tout le succès qu’on en pouvait attendre. Après les désastres de 1815, un ministre de la restauration, M. de Richelieu, allant de lui-même au-devant de la honte, écrivit au ministre du Portugal qu’il était prêt à lui restituer la collection apportée par M. Geoffroy Saint-Hilaire : l’étranger refusa ; il était dit que les ennemis du dedans devaient recevoir des ennemis du dehors une leçon, après tant d’autres, de justice et de dignité. Les motifs de ce refus étaient tous à l’honneur du savant français : on se souvenait que, loin