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délivrer les prêtres qui avaient été ses anciens maîtres, parvient, au péril de sa vie, à s’introduire dans leur prison, et fait, le jour même, évader un des détenus. Sa générosité s’efforce de préparer à l’avance pour les autres des moyens de salut. Les massacres commencent : Étienne Geoffroy, qui aimait la révolution, mais qui aimait aussi l’humanité, se dévoue de nouveau pour épargner le sang. Demeurant dans le voisinage du lieu de l’exécution, il avait appuyé une échelle contre le mur extérieur de la cour et était descendu à plusieurs reprises pour arracher des victimes au sort qui les attendait. Ce noble stratagème est découvert ; un des septembriseurs couche en joue le téméraire jeune homme, et lui tire à bout portant un coup de fusil qui le manque. On frémit quand on songe que cette belle destinée pouvait finir là, et que tous les grands travaux qui resteront de ce naturaliste illustre étaient sur le point de descendre avec lui dans la tombe ; mais non, la main de la Providence, qui détourna le coup, le réservait à d’autres épreuves et à d’autres luttes.

La révolution, qui changea le monde, changea encore la position de Geoffroy Saint-Hilaire. À la demande du citoyen Lakanal, le Jardin des Plantes ayant été transformé, le 10 juin 1793, en un Muséum d’histoire naturelle ; douze chaires étant établies pour l’enseignement de la science, M. Geoffroy Saint. Hilaire qui n’avait encore que vingt-et-un ans, et qui n’était que sous-garde et démonstrateur du cabinet, se vit chargé d’un cours sur l’histoire naturelle des animaux vertébrés. Il hésitait ; une si grande tâche lui