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d’à-propos : le trait partit cette fois de la bouche de Lakanal, le jour où ce citoyen dévoué monta à la tribune pour défendre les intérêts de la science : après avoir représenté les services que le pays pourrait tirer du Jardin des Plantes sous une administration nouvelle, et avoir jeté un coup-d’œil sur les plantations d’arbres exotiques, dont le développement pourrait être fort utile à toute la France, il s’écrie : « L’arbre de la liberté serait-il le seul qui ne pût pas être naturalisé au Jardin des Plantes ? » Cette figure de rhétorique, dans le goût du temps, unie sans doute à la puissance des faits, enleva d’assaut le vote de la Convention. L’assemblée comprit que l’instant était venu de donner, pour ainsi dire, un corps à la science. Ce ne sera plus à l’avenir le Jardin des Plantes, c’est-à-dire un endroit, comme l’indiquait son ancien titre, destiné à la culture des végétaux ; le livre immense de la nature va en quelque sorte s’ouvrir dans le nouveau Muséum ; ses pages réfléchiront de toutes parts les richesses des trois règnes. Son but sera désormais l’enseignement de l’histoire naturelle dans toute son étendue. Que parlai-je tout à l’heure de la pénurie des talens spéciaux, dans ces temps de lutte civile ? À la voix de la Convention, des savans inconnus la veille, célèbres aujourd’hui dans toutes les parties du monde, les de Jussieu, les Geoffroy Saint-Hilaire, les Lamarck, les Desfontaines, les Dolomieu, les Fourcroy, les Haüy, les Lacépède, les Thouin, les Vauquelin, les Latreille paraissent. L’assemblée nationale, ayant pour elle cette force que donne une indomptable logique, applique en un instant au règlement du Muséum d’histoire naturelle les idées et les principes