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La nation, dans un moment de crise, avait improvisé un gouvernement et une armée ; elle décréta des professeurs. Douze chaires furent créées pour répandre les lumières de la nature : on y appela des hommes inconnus pour la plupart et dont la gloire était à faire. Ces douze savans formèrent une petite république qui subsiste encore au moment où nous écrivons. Chaque professeur est chargé de l’administration de détail qui se rapporte directement à sa spécialité. Tout ce qui s’élève au-dessus des mesures ordinaires est décidé en conseil par le corps des professeurs réunis, maintenant au nombre de quinze, sous la présidence d’un membre, qui peut être élu une première et une seconde année, mais jamais plus. Daubenton fut nommé président à l’origine. Le traitement annuel de chaque professeur-administrateur est de cinq mille francs. Leur habitation paisible, située au sein même de l’établissement qu’ils dirigent, autour de l’ombre séculaire du cèdre du Liban, entretient autour d’eux ce calme et ce demi-jour favorables à la science. C’est dans le commerce doux et retiré de cette nature dont il était l’interprète, que Daubenton atteignit les limites de la plus homérique vieillesse. Sa femme mourut centenaire au milieu des mêmes feuillages.

Qui de nous ne s’est surpris à envier pour ses froids ossemens le tombeau surmonté d’une colonne qui s’élève dans le terrain du Labyrinthe, parmi les pins et les lilas ? quel lieu mieux choisi pour y reposer du demi-sommeil de la mort que ce bosquet préparé par les mains de l’homme et de la nature, où la reconnais-