Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’occasion qui s’offre me fait commettre un larcin à la patrie[1]... » Quel était donc l’objet de cette dévorante activité qui réprimait jusqu’aux plus doux senti meus ? Le moment des grandes créations était venu. La Convention avait tout détruit, elle allait tout reconstruire. Les bons esprits de l’assemblée avaient hâte de terminer la révolution dans la république française et d’en commencer une dans l’esprit humain. Lakanal apportait à cette œuvre tout son temps, toutes ses convictions, toute son expérience. Il existait un plan d’instruction publique à peine ébauché, que la Constituante, cette assemblée si puissante du reste, avait comme flétri par les retards et par la faiblesse de ses derniers momens : ce plan était à refaire, la Convention le refit.

L’état des études était déplorable ; d’inutiles professeurs rassemblaient sur les ruines des anciens collèges quelques élèves mendiés ; les ténèbres menaçaient de toutes parts la génération qui s’élevait, quand un homme de volonté annonça que la lumière allait sortir une seconde fois du chaos. Lakanal était celui qu’il fallait pour organiser les études : engagé autrefois dans la congrégation de la doctrine chrétienne, et successivement chargé de plusieurs enseignemens, il occupait pour la quatrième année une chaire de philosophie à Moulins, quand parut l’aurore de la révolution. Envoyé par le département de l’Ariège à la Convention nationale, il comprit tout de suite qu’une éducation chez un peuple comme le nôtre devait se

  1. Lettre inédite du 15 messidor an II.