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pas, disait-il, que les gens de lettres sont en général d’illustres nécessiteux : il faut les soutenir. » Fort de cette idée, il proposa à la Convention un décret qui mit les intérêts des auteurs et des artistes à l’abri de la contrefaçon de leurs œuvres : ce décret fut rendu.

Ce n’était pas tout : Lakanal pensait qu’il fallait encore arroser les germes du talent par des secours pécuniaires. Le comité des finances, peu favorable, comme nous l’avons dit, à tout ce qui intéressait les sciences et les arts, renvoyait sans façon nos pédagogues aux calendes grecques. Lakanal ne se tenait point pour battu ; il ne cessait de rappeler à la Convention que les savans étaient nécessaires pour établir dans la république l’uniformité des poids et mesures. La nation française, non contente de renouveler la face de la terre, était sur le point de changer dans le ciel la marche de l’année ; elle voulait révolutionner le firmament. L’astronomie était nécessaire pour cette entreprise, et Lalande fut de nouveau encouragé. Enfin, un savant modeste travaillait à une découverte qui devait l’immortaliser et servir son pays. Cet homme était Chappe, l’inventeur du télégraphe : ses premiers essais avaient été accueillis comme toujours avec indifférence : « Si vous n’étiez pas là, écrivait-il à Lakanal, je désespérerais du succès. » Mais Lakanal s’y intéressant, la chose ne pouvait périr. Il trouva devant le comité un argument ad rempublicam qui consistait à rattacher, selon son usage, la nouvelle découverte à la cause de la révolution. « L’établissement du télégraphe, dit-il, est la meilleure réponse à ceux qui