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« Vous m’avez fait donner 3,000 francs ; je vous réitère le serment de les employer pour l’astronomie, ainsi que tout ce que j’ai. » Bossut, Sigaud de Lafond, Mercier, Pougens, lui en marquent autant : « Je venais de perdre 24,000 livres de rentes, ajoute ce dernier, et j’étais sans pain. » Quel Mécène que ce Lakanal ! Un homme de lettres, un savant était-il sans ressource, on lui disait : « Adressez-vous à Lakanal, et il vous aidera ! » Cet homme était en effet inépuisable quand il s’agissait de rendre service aux écrivains. Il donnait plus à sa manière que Louis XIV, car il puisait sans cesse dans le trésor de sa pauvreté même, ou du moins de la pauvreté de la patrie, dont les finances étaient aux abois. Quand le trésor public lui manquait, quand ses incessantes requêtes pour les hommes de science étaient repoussées, il s’adressait à ses faibles deniers. L’auteur de Paul et Virginie se trouvait pressé d’un besoin d’argent ; Lakanal lui prête 20,000 livres en assignats. Voici le billet qui accuse réception de la somme : « Citoyen et ami, je n’oublierai jamais le dernier service que vous m’avez rendu. Ma femme, à qui j’en ai rendu compte, me charge de vous témoigner le plaisir qu’elle aura de vous recevoir dans son ermitage… Profitez donc de la première arrivée du rouge-gorge pour visiter notre solitude. » C’est avec de tels certificats de bienfaisance que le conventionnel Lakanal s’avance au-devant du jugement de l’histoire.

Joseph Lakanal n’était guère attaché à aucun parti dans l’Assemblée nationale ; il n’avait épousé d’autre cause que celle de la révolution. Ses rapports avec des