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cer dignement cette souveraineté qui lui était rendue, il croyait ne devoir négliger aucun moyen de répandre les lumières par toute la France. Il était de ces républicains éclairés qui voulaient, ce sont ses termes, soumettre la démocratie à la raison. Grand partisan des idées nouvelles, ce n’est pas au minimum qu’il entendait placer l’égalité, mais au maximum ; c’est à-dire qu’il cherchait non à rabaisser centaines classes, mais à élever le niveau moral et intellectuel de la nation tout entière. C’est avec ces idées faites que Joseph Lakanal arriva sur les bancs de la Convention.

Au lieu de raconter ici des faits biographiques dont la plupart ont été peut-être écrits ailleurs, nous allons fouiller çà et là, sans ordre de dates, dans une correspondance qui nous a été communiquée, dans quelques souvenirs personnels et dans les travaux parlementaires, aujourd’hui oubliés, de cet homme vénérable que l’Institut vient de perdre. Lakanal revit dans ces lettres, si simples et si graves, pleines de citations de l’antiquité, dans ces lettres où il a laissé partout la trace indélébile de son caractère ; on le retrouve aussi dans divers témoignages écrits que ses amis lui adressent. Et quels amis ! Les noms les plus illustres de la fin du dernier siècle dans les sciences, dans les arts et dans les lettres, Lavoisier, Vicq-d’Azir, Laplace, Daubenton, Desfontaines, Lacépède, Volney, Grétry, Bernardin de Saint-Pierre. Le sujet de ces lettres diffère peu : Lakanal était de ces hommes que tout le monde remercie, parce qu’ils obligent sans cesse à la reconnaissance. Lalande lui écrit :