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a voulu faire, manque encore de rectitude. Buffon est sans doute un admirable historien des animaux, surtout par le style : mais ce rare mérite n’est chez lui que secondaire. Son premier, son véritable titre devant la postérité, c’est d’avoir été le philosophe de l’histoire naturelle : soit qu’il découvre la grande loi de la distribution géographique des êtres, soit qu’il pose la question de la fixité ou de la variabilité des espèces, soit qu’il déchire le voile des siècles sur les événemens qui ont formé l’écorce de notre globe, il s’élève partout à la plus grande hauteur où l’esprit humain puisse monter.

Nous venons de décrire les âges de tâtonnement durant lesquels le Jardin des Plantes s’avançait à pas lents vers un état de splendeur et de perfection. Sa grande époque date de la révolution française. L’ère de la terreur respecta l’établissement de Buffon ; elle l’accrut même et l’éleva tout d’un coup à la hauteur philosophique d’un muséum d’histoire naturelle. Cette subite transformation fut l’ouvrage d’événemens que je dois retracer. Deux hommes bien différens de caractère contribuèrent alors, l’un par ses services publics, l’autre par ses travaux dans la science, à la fortune nouvelle de l’établissement : ce furent Lakanal et Geoffroy Saint-Hilaire.