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nature. Quelques collections se forment ; le jardin et les bâtimens s’étendent. C’est à Buffon, à son génie, à son goût pour le luxe et la représentation, que l’établissement dut, en moins de dix ans, d’être renouvelé. Roi de la science, il traitait, pour ainsi dire, d’égal à égal, avec les têtes couronnées. L’impératrice de Russie, animée pour le naturaliste français de sentimens d’estime, lui avait envoyé de riches mines de malachite, et toutes les plus belles fourrures que produisent ses États. Buffon accepta tout, non pour lui, mais pour le muséum qu’il formait. De toutes parts les dons et les richesses affluaient dans le Jardin des Plantes. Ce qui fonde, ce qui agrandit les établissemens, ce sont surtout les idées et le nom du fondateur. Buffon était, sous ce rapport, l’homme le mieux choisi pour donner une âme à cette création monumentale de la science. Esprit vaste comme la nature, il embrassait à-la-fois les trois règnes dans l’étendue de ses connaissances variées. Son génie n’avait d’égal que son désintéressement. Les anciens édifices ne suffisaient plus aux accroissemens des collections : Buffon céda un jour sa bibliothèque, un autre jour son salon, puis, ainsi de suite, toutes les pièces de son logement ; le savant fit si bien qu’il se vit peu-à-peu renvoyé de chez lui, par ces rares et précieux échantillons, dont il était, pour ainsi dire, le père. Où la supériorité de Buffon éclate surtout, c’est dans ses ouvrages. On a écrit dans ces derniers temps, après Cuvier, que le véritable titre de Buffon à l’immortalité, était d’avoir fondé la partie historique et descriptive de la science. Cet éloge, si c’est un éloge qu’on