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finit par céder. Dans quelles proportions cède-t-il ? Ici les physiologistes se divisent : les uns soutiennent que les modifications amenées par cette lutte n’intéressent pas la forme générale, qui reste la même. Mais ces modifications, où s’arrêtent-elles ? C’est ce que nul ne peut définir exactement. Ces changemens oscillent dans des limites que la science même s’avoue impuissante à déterminer. L’expérience démontre bien qu’une plante soustraite aux conditions de la nature, enlevée de son climat et placée sous la main de l’homme, subit des altérations graves qui sont souvent jusqu’à masquer sa forme première ; elle démontre aussi que cette même plante, remise dans son milieu primitif, reprend peu-à-peu ses anciens caractères tères et redevient ce qu’elle était auparavant. Ce fait est curieux, mais on peut conclure qu’il ne conclut rien ; car la question subsiste entière de savoir si c’est la force interne du végétal ou l’action des causes primitives renouvelée qui a déterminé son retour au type originel. La vérité est que tous les physiologistes reconnaissent des cas où les types se conservent, et d’autres où ils se dénaturent. Il se passe pour les races, dans la formation historique, quelque chose d’analogue à ce qui eut lieu pour les êtres organisés dans la grande époque de formation terrestre ; il se rencontre des types qui résistent et se rompent, des types qui survivent intacts aux grandes secousses des événemens, des types qui cèdent. Il n’est donc point impossible de faire sortir une race de l’orbite qui lui est tracé par la nature, et de l’entraîner dans le mouvement d’une autre race. Mais ce qui est encore plus