Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/422

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grand homme ressemblent aux aspects croissans de l’astre des nuits. Rien de vaste au monde, de complet et de souverain, comme l’ensemble du buste de Napoléon ; l’ambition satisfaite, la plénitude de la grandeur et de la force se lisent sur ce crâne arrondi :


…Ce crâne fait au moule
    Du globe impérial !


À ces trois têtes gravées dans la mémoire des multitudes, nous en ajouterons une quatrième. C’est celle dont le docteur Antomarchi nous a envoyé l’image en plâtre. Cette dernière ajoute aux précédentes les caractères suprêmes de l’exil et de la mort : l’exil y a mis sa tristesse, la mort y a imprimé sa sainteté. Lavater avait déjà remarqué avant Gall que la mort frappe le visage de l’homme d’une certaine beauté étrange et incomparable. La tête de Napoléon mort est sublime ; on y admire une harmonie et une pureté de lignes inconnues sur le front de Napoléon vivant. Nous n’avons jamais considéré cette empreinte sans nous sentir ému ; ce front si douloureusement calme, ce front qui porte la marque d’un martyre de méditation et de génie, ce front sur lequel la couronne n’a laissé que des meurtrissures, est tout ce que nous connaissons de plus grand et de plus triste au monde. La résignation fatale du visage, la souffrance morale visible sur ces yeux éteints, sur ce nez si douloureux, sur ces lèvres admirables, tout cela est d’une beauté sans nom qui attendrit et qui fait penser. Il n’y a place devant cette ruine solennelle que pour le re-