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très mince et très sensible ; il ne portait que des chapeaux fort larges, encore avait-il soin de les briser avec le genou et de les poser seulement sur la partie antérieure de la tête.

Napoléon a comme tous les grands hommes deux figures, l’une réelle que la nature lui avait donnée, l’autre idéale, qui s’est formée depuis un demi-siècle dans l’imagination du peuple. C’est cette dernière qui ressemble davantage, si par ressemblance on entend la relation des formes de la tête avec le caractère de l’homme qu’elles expriment. Le sentiment général se représente la tête héroïque de Napoléon sous trois caractères différens qui répondent à ses changemens de fortune. Il y a d’abord celle du général Bonaparte, de ce Corse aux cheveux plats, au front inquiet, orageux et prédestiné, sorte de cratère âpre et sauvage où bouillonne la lave d’un avenir sans bornes. La figure, par sa maigreur, par l’audace du regard, par l’ambition infinie de la lèvre supérieure gonflée, accompagne à merveille ce front en mal de l’empire du monde. Nous avons ensuite la tête du premier consul. Cette nouvelle phase de sa destinée imprime à la figure de Napoléon Bonaparte un type nouveau qui a passé dans les ouvrages mêmes des artistes. Le front est plus calme, quoique encore soucieux ; les lignes en sont moins heurtées, moins attirées en hauteur, moins turbulentes ; les contours de la tête s’élargissent, la figure dessine un ovale plus plein, une majesté infinie commence à se répandre sur ces traits dominateurs. Enfin apparaît la tête de l’empereur. Ces différentes métamorphoses extérieures du