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moment de l’existence, la structure des grands animaux n’est tout-à-fait indéterminée. Quoique l’embryon passe dans l’utérus par divers états qui semblent appartenir à d’autres espèces du règne animal, sa forme définitive est arrêtée d’avance ; l’orbite de ses développemens est tracé. Il existe tout d’abord dans chaque organe une force absorbante, élective et formatrice, qui préside à l’arrangement de la matière ; de la réunion de ces forces résulte l’économie générale de l’être. L’énergie des causes intimes va toujours croissante à mesure qu’on s’élève vers l’homme ; elle finit ainsi par balancer, par dominer même l’action des causes extérieures, de plus en plus réduite.

La forme est une force ; mais cette force peut-elle être arrêtée, modifiée, infléchie dans tous les cas, par les obstacles que lui oppose la durée des influences étrangères ? Examinons. La nature témoigne, en général, une extrême résistance à sortir d’une ligne tracée, que cette ligne soit naturelle ou acquise. On a vu des animaux, modifiés par l’action de l’homme, qui, rendus plus tard à l’état sauvage, mettaient presque autant de temps à perdre les caractères de la domesticité, qu’ils en avaient mis précédemment à les revêtir. — La forme cède lentement, mais elle cède. Il s’en faut du reste que la résistance aux causes extérieures soit la même pour tous les caractères de l’animalité. Plus un organe est central, et plus il obéit, dans les profondeurs de l’être, à l’énergie des lois immuables ; plus au contraire il est porté à la superficie, et moins il paraît subir l’influence de ce moule invisible dans