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pouvait renaître, des changemens qui le rendraient presque méconnaissable. Tout homme porte sur ses facultés le poids de son siècle. Il faut donc toujours avoir en vue dans le jugement qu’on prononce sur un individu célèbre les forces primitives fournies par la nature, et les influences extérieures par lesquelles ces forces ont été infléchies, modifiées. De toutes ces causes d’action si diverses et si compliquées, dont l’ensemble paraît défier le jugement du phrénologue, s’ensuit-il en définitive que ce jugement soit impossible ? Nous ne disons pas cela ; la science fait éclater successivement les cercles arbitraires dans lesquels l’obstination étroite de quelques hommes avait voulu l’emprisonner. L’impossible est un mot qui ne tient pas devant les progrès de l’humanité. Il restera bien toujours un certain voile sur les desseins de la nature et sur ceux de la Providence ; mais que ce voile soit destiné à s’éclaircir d’âge en âge, à mesure que l’homme se montrera plus digne de telles révélations, c’est ce que rien ne contredit et ce que nous voulons espérer.

Pour le présent, la science de Gall n’est encore qu’une vaste tentative arrivée à un certain succès. Le système de la localisation des organes, qui sert de base à toute la phrénologie, ne repose pas jusqu’ici, il s’en faut de beaucoup, sur une certitude inébranlable. Nous avons déjà rapporté de nombreuses observations en sa faveur : on pourrait citer aussi bien d’autres faits qui le combattent. Vrai ou faux il n’en contient pas moins une analyse délicate des talens qui font les artistes.