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fournir une individualité forte ; mais il manque de ce que les phrénologues ont nommé l’organe de l’estime de soi : or, faute de croire suffisamment en lui-même, il s’appuiera sans cesse aux autres et retombera, quoi qu’il fasse, sous le joug de l’imitation. Ce n’est encore, originalité lui manquant, qu’un esprit de second ordre. On voit que le talent et le génie ne peuvent avoir de place marquée sur la tête de l’homme ; ils résultent l’un et l’autre de la combinaison de nos facultés. Ce système de la différence des caractères et des talens, fondée sur la différence infinie des constitutions, avait amené la critique de Gall à une grande tolérance morale. Notre docteur se tenait dans le sentiment de chaque fécondité ; on ne le voyait pas adresser au figuier le reproche de ne donner que des figues et exhorter la rose à passer aux odeurs du lis. Le premier dogme de sa religion scientifique était que l’horizon intellectuel et moral de chaque homme se trouvant circonscrit par ses organes, il faut expliquer le talent d’un poète, d’un musicien ou d’un peintre par les caractères de sa nature, l’y ramener sans cesse tout en stimulant chez lui les facultés supérieures et en les exhortant à prendre la direction des facultés inférieures : telle était la critique dont Gall voulait substituer l’usage à l’ancienne manière étroite et puérile des écoles.

À la fin de ses cours, le professeur avait coutume de faire entrevoir les conséquences de sa découverte dans l’avenir. L’aptitude de chaque homme, s’écriait-il dans son enthousiasme, étant distinctement connue, on pourra sans crainte l’employer aux charges