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vaient parvenir à son oreille fermée ; il lui arrivait même quelquefois de ne faire parler aucune note, quand il jouait : le bruit était en lui-même. Un M. Devoyer, qui passait du temps de Gall pour un connaisseur en peinture, avait la vue si courte qu’il jugeait l’effet des tableaux à travers une lorgnette. Notre savant eut en outre connaissance d’un libraire d’Augsbourg, né aveugle, qui, au moyen d’un sens interne, avait quelques notions précises des couleurs et en déterminait l’harmonie avec exactitude. À Dublin, Spurzheim rencontra un homme qui aimait les arts mécaniques et le dessin, surtout celui du paysage, mais qui fut obligé de renoncer à la peinture parce qu’il ne pouvait pas reconnaître le rouge d’avec le vert. Il aurait peint sans le savoir des arbres rouges : jugez du bel effet ! Nous avons devant nous, au numéro 73 de la collection de Gall, le masque anonyme d’un très fort mathématicien qui confondait toutes les nuances des couleurs. Les gammes que parcourt la lumière en montant ou en descendant d’un ton à un autre étaient pour lui insaisissables : aussi ne concevait-il pas qu’on pût trouver de l’harmonie dans la peinture. Cependant ces deux hommes avaient les yeux parfaitement sains. De tels faits, plusieurs fois renouvelés, convainquirent Gall et Spurzheim que la sphère d’activité immédiate de l’ouie ou de la vue était de transmettre au cerveau les sons et les couleurs, mais nullement d’en apprécier les rapports. Ils se refusaient de même à placer le talent pour un art dans l’adresse manuelle de l’artiste exécuteur. Lessing avant eux n’avait pas craint d’avancer que Raphaël eût été le