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bête humaine dormit trois nuits à côté du cadavre. Les cris des corbeaux qui lui disputaient sa proie le chassèrent de ces lieux dégoût ans. C’est alors qu’il s’enfuit et tomba entre les mains de la justice. Il ne témoigna aucun remords, rien qui fût de l’homme. Quand on lui demanda pourquoi il avait dévoré cette jeune fille, Léger répondit avec une naïveté féroce : « Si j’ai bu son sang. c’est que j’en avais soif. » C’était l’instinct meurtrier qui parlait. Le crâne de Léger offre le modèle de ces organisations affreuses qui du sein des sociétés civilisées retournent fatalement à la sauvagerie et au cannibalisme. On n’est pourtant pas d’accord sur l’impression que cette tête causa au docteur Gall. Les uns prétendent qu’il vit uniquement dans l’action de Léger le fait d’un délire monstrueux, d’autres racontent que, l’exécution ayant eu lieu à Versailles, le crâne de Léger fut déposé le soir même sur la table de Gall par ses élèves. — Oh ! la vilaine tête ! — se serait écrié le professeur, nullement prévenu des antécédens et du nom de l’homme auquel cette tête avait appartenu. Puis il aurait raconté l’histoire de Léger, son caractère sombre, son appétit aveugle aux voluptés animales, son peu d’intelligence, ses goûts de destruction, exaltés parla solitude, tout cela sur la seule vue et sur le toucher du crâne.

Plus loin vous apercevez le buste anonyme de Papavoine. Ici la science avoue elle-même ses ténèbres. Gall, ne trouvant pas sur cette tête l’organisation qui constitue d’ordinaire les assassins, fut obligé de rapporter le meurtre des deux enfans tués par Papavoine dans le bois de Vincennes à un état de dérangement