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dus chez lesquels un extrême développement de certaines inclinations vicieuses coïncide avec une grande faiblesse des facultés supérieures, doivent être regardés, surtout dans les classes ignorantes, comme très peu capables de liberté morale. Il y a même des cas où le vol semble pour certains individus (on hésite à dire cela) une nécessité de leur nature. Ce sont toujours des êtres mal conformés, des demi-hommes, comme les appelait Gall. Voici, par exemple, le crâne d’un jeune Kalmouck que le comte de Stahremberg, ambassadeur d’Autriche à Petersbourg, avait amené avec lui à sa résidence de Vienne. Au bout de quelque temps ce pauvre diable tomba dans une grande mélancolie. On ne manqua pas d’attribuer cette tristesse à la privation du ciel sous lequel il était né. Le confesseur qui l’instruisait dans la religion et la morale, homme d’esprit, devina mieux la cause de ce malaise. Il jugea que son élève souffrait de la défense qu’il lui avait faite, au nom de l’Évangile, de ne plus voler. Il retira donc cette défense, à condition que son élève rendrait ce qu’il déroberait. Le jeune Kalmouck profita de la permission : il escamota la montre de son confesseur tandis que celui-ci disait la messe, et au moment même de la consécration. La messe dite, il lui rendit l’objet soustrait, en faisant un saut de joie. Ce jeune homme n’avait pas le mal du pays, mais le mal du vol.

Une résistance subite à un penchant naturel très fort produit de la sorte dans toute l’organisation un repos violent dont l’effet trop prolongé serait d’amener inévitablement la mort ou la folie : — Mais, ajou-