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encore à cette heure n’aurait été vu. On a accuse une telle doctrine de conduire au fatalisme historique. Il est pourtant juste d’ajouter que ce petit organe, cause de si grandes perturbations, n’a pas été mis à l’insu ni malgré la volonté de Dieu.

Quand l’orgueil se trouve combiné avec de hautes facultés intellectuelles, il en résulte, chez certains hommes éminens dans la science ou dans la poésie, ce sentiment de concentration en soi-même que l’on pourrait qualifier d’égoïsme du génie. De tels êtres peuplent l’univers de leur individualité et de leur solitude. Ils sont graves, dignes et froids. On peut voir cette disposition indiquée sur le buste de George Cuvier. Quand l’orgueil s’allie, au contraire, à des moyens médiocres et à la misère, il produit ces mendians superbes qui s’admirent dans leurs haillons. Broussais avait constaté la saillie énorme de cet organe sur la tête de Chodruc Duclos. Le docteur Gall avait également fait des remarques sur la configuration du crâne chez les différens peuples ; il avait trouve que les Espagnols ont le siège de l’orgueil plus élevé que les Anglais, et les Anglais que les Français. Il attribuait à cette circonstance le sentiment exagéré de nationalité qui rend ces deux premiers peuples injustes pour leurs voisins. Il rencontra également cet organe très développé sur la tête de fous qui se croyaient rois ; l’organe paraissait même s’élever, chez ces malheureux insensés, avec le but de leur ambition. Un aliéné se croyait Dieu : c’est celui qui avait le sommet de la tête le plus en hauteur. Notre presque que homonyme, M. Esquirol, quoique peu favo-