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turaliste, qui « fait un voyage autour du monde. Ce médecin est M. Gaimard ; Le docteur Gall avait rencontré ce même instinct voyageur chez certains oiseaux. Un coucou mis en cage avait subi durant trois mois sa captivité avec assez d’insouciance ; mais, l’époque de la migration venue, il s’agita dans sa prison avec angoisse, et donne les marques du plus sombre malaise. L’oiseau finit par refuser toute nourriture et par mourir de chagrin. Les anciens avaient déjà remarqué cette voix intérieure qui appelle les animaux deux fois par an vers de nouveaux climats. Gall constata que le même sens voyageur rend certains hommes d’humeur inquiète, vague et errante. On retrouve chez de tels individus, dans leurs accès de migration, cette mélancolie de l’espace qui atteint les oiseaux en automne. Un de ces voyageurs-nés, revenu de faire le tour de l’Afrique, nous disait un jour : « Chaque fois que je voyais, étant enfant, le palmier, le dattier, le magnolia et les autres arbres exotiques, mon cœur remuait comme si j’avais vu des arbres de mon pays. » Il disait juste : la patrie pour les hommes ainsi organisés est partout où ils ne sont pas. Le docteur Broussais affirmait avoir trouvé l’instinct des lieux très fort et celui de l’habitation très faible sur la tête de tous les vagabonds. Certaines provinces de France imprimeraient, selon lui, la susdite conformation à leurs enfans, l’Aμvergne, per exemple, d’où nous viennent en hiver ces jeunes hirondelles de cheminées, connues sous le nom de ramoneurs, tandis que la Bretagne marquerait la disposition contraire. On sait que la plupart des conscrits bretons