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tout d’abord bien venir d’une assemblée, avec les connaissances variées du médecin et de l’homme du monde : mais qu’était tout cela contre Napoléon ? Or, Napoléon se déclara l’ennemi de Gall. Quelques-uns ont dit que c’était par haine des rêveries allemandes ; d’autres ont insinué que c’était par jalousie ; Napoléon jaloux ! le fait serait au moins curieux.

Au point où en était arrivé cet homme, il ne pouvait plus guère en vérité se montrer importuné d’autre lumière que du soleil de la science. Qu’on suppose à la phrénologie le degré de certitude qui manque encore, et le savant investi de cette puissance mystérieuse vaudrait bien la peine d’être jalousé par les rois, même par les rois de génie. Les fantastiques créations de Merlin et de Faust ne dépassent guère l’idéal que nous pouvons nous faire maintenant d’un docteur introduit par la science dans le secret de chaque individualité. L’exercice complet de la phrénologie demanderait d’ailleurs pour additionner sûrement toutes les causes intérieures et extérieures qui régissent les actions humaines un ensemble de vastes facultés capables de gouverner le monde. Les individus, avec leurs moyens naturels, leurs passions, leurs instincts, leurs penchans, leurs mouvemens aveugles, ne seraient plus sous les doigts tout puissans d’un tel homme que les touches variées d’un immense clavecin dont il tirerait, en les accordant les unes avec les autres, une harmonie conforme à ses volontés. Ce terrible joueur de ressorts occultes serait le maître de l’univers sans