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avant Gall, le monde civilisé en émoi ; c’est que ces trois hommes, dont l’un n’était qu’un intrigant hors ligne, représentent à eux seuls ce qui manquait précisément au xviiie siècle, le sentiment du merveilleux. Gall continuait ces devanciers célèbres, mais par d’autres voies ; les efforts du docteur pour s’emparer des secrets, de la nature étaient au moins dirigés par un esprit d’observation. Les sciences les plus positives ouvrent toutefois aux esprits inquiets de sourdes échappées vers le mystère ; la chimie n’avait pas plutôt renoncé à la pierre philosophale, qu’elle cherchait le moyen de faire le diamant à la place de l’or. Cette curiosité est dans la nature, Gall et Spurzheim ont marqué sur la tête de l’homme le siège de l’organe de la merveillosité ; c’est à cet organe que répondent le magnétisme et la phrénologie. Les phrénologues et les magnétiseurs continuent les sciences occultes du moyen âge, non qu’ils rapportent avec Paracelse ou Jérôme Cardan les effets visibles de la nature à des causes surnaturelles, mais ils cherchent comme eux à soulever le voile obscur, sous lequel l’auteur de la création a caché les lois de son œuvre ; c’est par ce côté-là que la science de Gall fut regardée long-temps comme magique.

Ce qui étonna dans le fondateur de la phrénologie, ce fut moins encore la nouveauté de son système que la clairvoyance électrique avec laquelle Gall devinait tout, de suite le caractère des individus dont il touchait la tête. Toute l’Allemagne retentit alors d’une visite que fit le docteur Gall dans les prisons de Berlin. Notre savant parcourut ces établissemens, accom-