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rigueur des lois militaires. Il entra dans l’armée, où il vola et fut condamné à mort. Ayant obtenu sa grâce, et cherchant toujours à détruire cet ennemi intime qui le poussait à dérober, il se fit capucin. Son penchant le suivit dans le cloître. Comme il ne pouvait plus soustraire que des bagatelles, il se livra à son naturel sans s’en inquiéter : il prenait des ciseaux, des chandeliers, des tasses, des gobelets, et les emportait dans sa cellule. Ceci fait, il ne les cachait pas ; il déclarait, au contraire, qu’il les avait emportés, et que le propriétaire pouvait se donner la peine de les reprendre. Ces faits et quelques autres dont Gall eut connaissance le préoccupèrent fortement. Si ce mystérieux penchant au vol n’avait pour cause, dans certains cas, aucune des influences qu’on lui assigne d’ordinaire, le mauvais exemple, la dissipation, le besoin, il fallait bien chercher cette cause autre part ; Gall fut d’avis qu’on la trouverait dans l’homme.

Il raisonna de même pour les dispositions intellectuelles. Le langage vulgaire devait avoir philosophiquement raison lorsqu’il dit : Tel homme est né poète, tel autre musicien. Gall trouva profond le mot naïf d’un de ses anciens condisciples qui, éprouvant une grande difficulté naturelle pour l’étude des langues, disait à son professeur : « Je ne suis pas conformé pour apprendre le grec. » On était déjà d’accord, de son temps, que les arts demandent de la part de ceux qui les exercent une vocation. Les écrivains, dans le désespoir de trouver au juste la raison de ces facultés naturelles, imaginèrent même quelquefois de les attribuer, par manière de méta-