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hasard. Après y avoir mûrement réfléchi, il imagina que si la mémoire se reconnaissait par des signes visibles, il en pouvait bien être de même des autres facultés intellectuelles. Il continua donc ses recherches. Dès-lors tous les individus qui se distinguaient par un talent quelconque furent l’objet de son attention. Peu-à-peu il se flatta d’avoir trouvé d’autres caractères physiques qui indiquaient d’autres dispositions de l’esprit. À mesure qu’il avançait en âge, Gall avançait silencieusement dans sa théorie. Il ne tarda pas à donner à ses réflexions une base plus large que celle du collége ; il la trouva dans le spectacle varié du monde qui se renouvelait sans cesse devant ses yeux. Le fait moral qui semble avoir particulièrement frappé l’inventeur de la nouvelle doctrine sur les fonctions du cerveau, c’est que la plupart des hommes naissent avec des inclinations de nature. Tel enfant est porté au mensonge, tel autre au vol ; ces penchans sont souvent indépendans de l’éducation, et se fortifient avec l’âge, malgré le soin qu’on prend de les combattre. Gall eut connaissance de gens du monde qui volaient uniquement pour voler. Quelques-uns prenaient des objets inutiles ; d’autres avaient, en les dérobant, l’intention de les rendre. Moritz raconte, dans son Traité expérimental de l’âme, l’histoire d’un voleur qui, étant à l’article de la mort, étendit la main pour escamoter la tabatière de son confesseur. Il est probable qu’il n’en voulait pourtant rien faire dans l’autre monde. Un homme de bonne famille, ayant senti une pareille inclination au vol dès son bas âge, espéra intimider cet attrait fatal par la