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affection, et nos aversions réciproques, de même que nos liaisons, notre dédain et notre émulation. » Le jeune Gall remarqua notamment l’un de ses frères qui avait un penchant décidé pour la dévotion : ses jouets étaient des vases d’église qu’il sculptait lui-même, des chasubles et des surplis qu’il faisait avec du papier ; il priait Dieu et disait la messe toute la journée. Cette variété de goûts et d’inclinations dans les membres d’une même famille fit réfléchir Gall, et éveilla tout d’abord son attention adolescente sur des faits qu’il devait féconder par la suite.

Son naissant génie l’entraînait déjà dans les campagnes, dans les forêts, pour faire des observations sur les papillons, les insectes, les oiseaux : avant de savoir qu’il y eût une histoire naturelle, il avait étudié la nature. Gall entra au collège. Dans le cours de ses études, il rencontra parmi ses camarades les mêmes différences de caractères et d’aptitudes que parmi ses frères et sœurs. Quelques-uns apprenaient avec facilité, d’autres manifestaient du talent pour des choses qu’on ne leur enseignait même pas. Gall recueillait en silence toutes ces observations. Il nota chacun de ses condisciples, et lui trouva des qualités ou des défauts qui étaient déterminés. Il suivit ses amis dans leurs jeux, et découvrit que chacun imprimait à ses récréations une allure particulière. Tandis que les uns se livraient à des exercices bruyans, on en voyait d’autres qui se plaisaient à peindre des images, à cultiver un jardin, à parcourir les bois pour y dénicher des merles ou des sansonnets. Aucun de ces détails n’échappait à l’enfant observateur, qui