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Le moment est venu d’élargir encore le pressentiment si noble, par lequel le poëte affranchi, préludait sans le savoir à une nouvelle ère. L’homme n’est pas fait pour entrer seulement en communion avec les autres hommes ; il est fait pour participer en outre à toute la nature. Nous pouvons déjà nous écrier, après Térence : « Je suis créature : rien de ce qui appartient à la création ne m’est étranger ! »

La domesticité des animaux n’est pas uniquement une œuvre économique, c’est uneœuvre religieuse. Le culte des animaux et de tous les êtres privés de raison, c’est de se faire connaître à l’homme et de servir par leur entremise à lui faire connaître son auteur. Tant qu’ils demeurent à l’état sauvage, le ministère de ces êtres bruts est encore incomplet. Auteur du perfectionnement de l’état de nature, la domesticité approche sans cesse par l’éducation les êtres inférieurs de l’idéal divin dont ils dérivent ; elle les crée une dernière fois, elle les achève, et dans cette œuvre d’intelligence, qui est en même temps une œuvre de foi, elle seconde la puissance éternelle qui a formé l’univers. L’homme attire à lui toutes les créatures ; Dieu attire l’homme : ainsi va le monde.