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cent ! La sueur dégoutte le long de ces membres d’acier, qui se soulèvent et retombent avec un bruit pesant. La vapeur est un soupir ; c’est un cri ! toujours la douleur, mais la douleur physique, la douleur insensible, si lion ose ainsi dire. L’homme s’avise enfin de rejeter sur les élémens la fatigue et le poids du travail. Prométhée ne pouvant tuer le vautour éternel a imaginé de mettre une autre victime à sa place. Il a d’abord mis le règne animal. Maintenant il dit à la vapeur : Ronge ce roc ! mords ce fer ! tourmente cette roue ! — Tandis que la matière se déchaîne ainsi contre la matière, le règne animal respire ; l’homme surtout brise peu-à-peu les liens de la nécessité qui le fixaient au dur rivage, et retire son flanc meurtri. Une nouvelle ère commence pour les sociétés et pour la nature.

L’homme a reçu de la nature l’instinct et l’intelligence. Quand on y réfléchit, on trouve que ces deux conditions étaient nécessaires pour établir son règne sur les animaux. Si l’homme jouissait uniquement de l’instinct, n’ayant rien reçu de plus que les autres créatures, il n’eût jamais pu les soumettre ; d’un autre côté, s’il au joui seulement de l’intelligence, il n’aurait compris ni les besoins des êtres inférieurs, ni leurs penchans, et il aurait manqué des moyens élémentaires pour communiquer avec eux. Il fallait que l’homme eût ses racines dans l’animalité ; il fallait qu’il fût animal lui-même, pour qu’il existât un lien primitif de société entre sa nature et celle des autres êtres vivans. Les derniers travaux de la science embryologique, auxquels se rattachent d’une manière si