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en outre à la nourriture et à la nature des travaux qu’on leur impose. Les individus de la race chevaline, qui appartiennent aux classes pauvres, sont laids, chétifs, mal venus. Cette infériorité est non seulement constante pour la forme de ces animaux, mais encore pour leurs mœurs. Les pauvres bêtes travaillant tout le jour sous les coups et ne recevant en échange de leurs services qu’une nourriture mauvaise ou insuffisante, présentent en général, dans leurs instincts, une sorte de rudesse sauvage et bornée. Les traitemens bons ou mauvais exercent, sur le caractère des animaux domestiques comme sur celui des hommes, des influences délicates. Quels sont à cette heure les chevaux les plus intelligens ? Ce sont, sans contredit, ceux qui, appartenant aux classes riches, se trouvent mieux nourris, mieux soignés, et moins surcharges de travaux[1]. La nature même de ces travaux n’est point étrangère au degré de développement des animaux domestiques. Consultez l’état actuel des bêtes de somme dans les sociétés civilisées, vous verrez les traits de la domesticité grandir chez les individus de la race chevaline dont les forces sont employées à des services plus variés ; vous verrez au contraire ces mêmes traits décroître chez les animaux soumis à une tâche rude, uniforme, éternelle. Les chevaux de charrettes, les chevaux de peine, finissent

  1. Ceci devient surtout sensible dans nos grandes villas où l’inégalité des conditions parmi les hommes en crée une toute semblable parmi les animaux. Qui n’a vu d’anciens chevaux de bonne maison attelé maintenant à des fiacres ou même à de tristes charrettes, porter encore, sous l’affront de leur décrépitude, les manières reconnaissables d’un gentilhomme ruiné ?