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Voltaire, a revêtu par hasard le nom de Jacques de Brosse. La rue de Seine-Saint-Victor, située près des terrains qu’une fameuse abbaye céda généreusement, dans le dernier siècle, au Jardin des Plantes, s’appelle maintenant rue Cuvier. Rien de mieux que d’attacher les noms de savans illustres, de grands écrivains ou même d’hommes utiles, aux rues de la capitale, mais nous voudrions que ce fût aux rues neuves, et non à celles qui sont déjà nommées. Une ville est, comme nous l’avons dit, un livre dont chaque rue forme une page : ajoutons de nouveaux feuillets au livre, mais n’effaçons pas les anciens. Il existe telle rue qui n’avait pour elle que son nom ; il est vrai que ce nom était quelque chose, nous voulons parler de la rue du Roi Doré. L’imagination croyait y voir reluire une ancienne image du roi Salomon. Par une maladresse que rien n’excuse, ce titre pittoresque a été raccourci : nous avons à présent la rue Doré, qui n’a plus de sens. De telles altérations commises à tort et à travers, enlèveraient bientôt toute poésie aux inscriptions de notre ville.

Jamais les travaux d’architecture n’avaient pris une si grande extension que dans ces dernières années ; nous approuvons ce mouvement lorsque nous le croyons utile : nous le blâmons au contraire quand nous sommes fondé à le croire nuisible ou immodéré. Le moment est venu de s’élever contre cette soif de bâtir qui compromet çà et là l’existence morale de nos établissemens publics pour satisfaire les projets ambitieux ou avides de certains entrepreneurs. Il y a quelques années encore, la maison royale de Charen-