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au vandalisme. Loin de nous cet esprit systématique d’école qui voudrait immobiliser la forme des villes sous prétexte d’attachement aux traditions du passé. Nous applaudissons à toutes les créations nouvelles ; nous sommes pour tout ce qui rend une cité brillante, commode, agréable : mais nous croyons que ces progrès et ces transformations peuvent très bien s’associer avec le respect des souvenirs ; c’est ici qu’il est du moins possible d’améliorer en conservant. Un arbre n’en est pas moins un arbre pour être planté devant un édifice rare, et une borne-fontaine n’en rend pas moins des services la population, tout en coulant devant un mur historique.

Il se passe depuis quelques années un fait municipal qui soulève peu d’intérêt, mais qui mérite pourtant d’être remarqué : nous voulons parler des changemens de noms qu’on a fait subir aux rues de Paris. La rue de la Mortellerie, ainsi appelée d’une épidémie qui fit de grands ravages parmi ses anciens habitans[1] est aujourd’hui la rue de l’Hôtel-de-ville. Cette dernière dénomination est peut-être plus agréable que l’autre, mais elle a moins de caractère. La rue de l’Orme Saint-Gervais, où l’antiquaire respirait en idée l’ombre du gros arbre sous lequel les femmes du quartier venaient autrefois prendre le frais et babiller, est devenue la rue François-Miron. La rue du Long-Pont, célèbre par une maison qu’habita

  1. Selon d’autres historiens de Paris, cette rue aurait pris son nom des meurtres qui s’y commettaient, ou encore de quelques bourgeois nommés Mortellier qui y ont autrefois demeuré. Le lecteur choisira.