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Vienne, à Berlin, à Saint-Pétersbourg, à Cadix, à Rome ; par les télégraphes, une idée aura plus tôt fait le tour de l’Europe qu’il n’en fallait à un roi de France au XVIIe siècle pour se rendre de son château des Tuileries à sa forêt de Fontainebleau.

De tous les livres qu’ait encore écrits la main de l’homme, Paris est le plus intéressant à étudier. Son histoire est presque à elle seule l’histoire de la France. Depuis les maisons et les murailles de bois qui ont commencé dans l’île de la Cité les destinées de notre ville, jusqu’aux constructions modernes, Paris n’a cessé d’offrir un mouvement continu de démolition et d’accroissement. Les armées barbares passent et effacent cette ancienne cité de bois qui renaît de pierre. Jetons seulement les yeux sur la carte de Paris dressée en 1782 ; presque tous les établissemens actuels, colléges, musées, cimetières, n’existaient pas ; presque tous les établissemens d’alors, communautés, églises, couvens, n’existent plus. En un demi-siècle la face de la capitale a complétement changé ; au Paris religieux, qui comptait alors soixante-deux paroisses, succèdent le Paris philosophique de la révolution et le Paris militaire de l’empire, qui transforment les anciens cloîtres en bibliothèques ou en casernes. Ce mouvement ne s’arrête pas ; chaque jour de nouvelles rues percent des masses de maisons compactes qui gênaient la circulation ; d’anciennes lignes tortueuses se redressent, des voies étroites s’élargissent ; ici la main de l’homme n’a jamais fini d’abattre ni de reconstruire. Ces travaux de rénovation demandent à être dirigés avec intelligence pour ne point tourner