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le jardin des plantes.

des animaux inconnus maintenant se montreront plus tard à la surface de la terre : les premiers peuples sauvages ne se doutaient pas du chien, tel qu’il existe à cette heure dans nos pays civilisés. Le mouvement futur des sociétés pourrait amener de même à l’existence de nouveaux habitans du globe, qui seraient les anciens transformés par la main de l’homme. L’anti-lion et l’anti-girafe de Ch. Fourier ne seraient ainsi que des images exagérées de notre puissance créatrice sur les animaux pour les soumettre à nos caprices et à nos besoins.

Un seul animal, placé tout à côté de l’homme par son instinct supérieur, semble avoir jusqu’ici résisté aux services qu’on serait en droit d’en attendre. Le singe n’a pas voulu reconnaître les titres de ce nouveau chef du règne animal, qui l’a, pour ainsi dire, dépossédé. Réduit en captivité sous notre main, il se soumet, mais il n’obéit pas. S’il cède à la force, c’est toujours avec l’arrière-pensée de vaincre plus tard, et de se venger alors de son tyran. Ces mêmes individus, humbles et caressans tant qu’on les tient en laisse, reprennent leur caractère inflexible dès qu’ils sont lâchés. L’établissement des singes au Muséum d’histoire naturelle étale aux yeux du public diverti par ces scènes animées le tableau de leurs mœurs. La méchanceté, qui fait le fond de leur nature, s’étend même entre eux aux individus les plus faibles ou les plus bornés. Ce qu’il y a de plus curieux dans ce gouvernement des singes, c’est l’éducation qui précède leur entrée dans la cour. Lorsqu’un individu a été donné au Muséum, on le met pendant plusieurs jours