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vrance. Nous sommes de ceux qui se réjouissent ; car ce bruit de pas, c’est l’annonce de nouvelles générations humaines qui arrivent à la lumière et à la liberté. Cet avénement est tumultueux. Les voyez-vous les uns presque nus, les autres couverts comme d’un linceul troué, se précipiter pêle-mêle vers l’embouchure de la civilisation ? Que demandent ces classes d’hommes depuis si long-temps enfouies ? Elles réclament des droits et avant tout celui de vivre.

Le sujet abordé dans ce livre n’a pas besoin qu’on en relève l’importance : écrire en tête d’un ouvrage, Paris au xixe siècle, c’est tracer un programme ; ce n’est pas se flatter d’avoir rempli un cadre d’idées, si ambitieusement vaste. Nous allons dire à quelles proportions morales il nous semble qu’un tel livre devrait s’étendre pour être complet.

Paris est grand : il couvre une surface de trente-quatre millions de mètres carrés ; toutes ses rues, prises ensemble, donnent un développement de cent quatre-vingts lieues ; il occupe deux cent trente fois plus d’espace qu’il n’en tenait à son berceau ; mais ce n’est pas de cette grandeur-là que nous voulons parler. La Ville, les anciens, par ce mot, entendaient Rome : nous entendons Paris. La tête du monde s’est déplacée. De jour en jour ce mouvement de centralisation s’accroît : du temps que Paris n’était encore que la France, il contenait dans son sein les rues d’Anjou, de Bretagne, d’Angoulême, de Provence ; aujourd’hui que Paris est une ville cosmopolite qui donne rendez-vous à l’univers, nous avons les rues de Bruxelles, de Stockholm, de Londres,