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le jardin des plantes.

nature. L’homme crée dans la création. À l’aide des élémens de la vie qu’il modifie sans cesse pour les ployer à ses caprices ou à ses besoins, il grave avec le temps dans les organes des animaux soumis à sa domination les caractères de sa volonté. On regrette de ne pas voir figurer en plus grand nombre à la ménagerie le chien lui-même, ce monument des âges modernes de la création, ce produit de la main de l’homme. Un travail dont les bases sont arrêtées, permet d’entrevoir dans l’avenir l’établissement d’une cour extérieure, où les chiens des nations civilisées, des peuples sauvages ou demi-sauvages, seraient réunis sous les yeux du public. Une telle exhibition d’animaux différens par leurs formes et par leurs instincts ne serait pas seulement un spectacle intéressant pour la science ; ce serait encore un cours d’histoire. Un très curieux mémoire de M.  Isidore Geoffroy Saint-Hilaire a démontré que l’état d’éducation du chien correspond toujours étroitement à l’état de civilisation du peuple ou de la race humaine à laquelle cet animal appartient. La distance que le loup et le chacal ont dû parcourir dans la suite des siècles pour revêtir les caractères de notre chien domestique serait par ce moyen rendue visible. On suivrait d’un individu à l’autre la marche de cette seconde création qui a eu comme la première ses âges et ses degrés. L’humanité, agissant sur les animaux avec la somme de ses moyens toujours croissans, n’a pas dû exercer à toutes les époques les mêmes influences ni obtenir les mêmes conquêtes. Si nous effaçons de notre esprit l’image du monde actuel, tel que l’ont fait sept ou