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mait les surveillans de la ménagerie par sa férocité ; on avait résolu, au nom de la sécurité publique, de le détruire ; mais, avant d’en venir à cette extrémité, on chercha encore s’il n’y avait pas un moyen d’utiliser ce dangereux animal. En ce temps-là, vivait à la ménagerie un lion fort doux. Il fut décidé qu’on consolerait sa solitude en lui donnant ce chien pour compagnon de fers. Le lion, à sa vue, entra en fureur. Il devint clair que ces deux hôtes ne se convenaient pas, et l’on se hâta de les séparer. Dans une autre loge habitait au contraire un lion indomptable. On imagina de réunir ces deux naturels féroces et assortis par la méchanceté. L’entrée du chien dans cette seconde loge eut plus de succès que dans la première ; le lion demeura paisible ; déjà même les liens d’une connaissance durable paraissaient se former entre les deux individus ; lorsque le chien, emporté par son penchant insurmontable, mordit son compagnon jusqu’au sang. Le lion l’abattit d’un coup de griffe. Ce commencement de société, si malheureusement interrompue par la rébellion du plus faible, ne semblerait-il pas nous indiquer que parmi les animaux comme parmi les hommes la conformité de caractère est la base de toutes les liaisons.

De tous les moyens employés par l’homme pour l’éducation des carnassiers, le premier est l’asservissement. Après s’être rendu maître de la liberté de ces animaux dangereux et avoir comprimé leurs forces de destruction, il commence à les civiliser. Parmi les agens auxquels il a recours, les uns sont tout matériels, comme les coups, la diète, la privation de som-