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monde. Il y a deux manières d’écrire l’histoire : l’une raconte les faits, l’autre les explique ; c’est cette seconde méthode que nous avons choisie. L’organisation des quartiers de la grande ville exprime toujours les caractères naturels qui sont dans le peuple : de cette alliance nouvelle de la physiologie et de la statistique, sortira, nous le croyons du moins, une révélation soudaine des causes qui ont perfectionné, à travers les siècles, la matière de la civilisation dans la ville de Paris. Il ne faudra pas craindre de descendre aux détails : un peu de verre travaillé sert, entre les mains de l’astronome, à découvrir les mystères de l’espace céleste ; il existe aussi des faits de peu d’importance par eux-mêmes, au travers desquels on peut mieux étudier la marche et les développemens d’une idée.

Nous avons eu en vue un livre sévère, non un livre maussade. Paris n’est pas seulement un théâtre d’idées ; c’est encore un intéressant théâtre de mœurs. Il entrait dans le plan de nos travaux d’étudier l’histoire des conditions privées, et surtout la vie du peuple, la vie du pauvre. Nulle part le malaise des classes ouvrières ne se montre sous des couleurs aussi tranchées que dans la capitale du luxe et des plaisirs. C’était un devoir pour nous de fouiller avec calme le volcan de la misère publique. Cette question économique contient, selon la manière d’y pourvoir, des orages ou des événemens ; un grand travail se fait dans les lieux bas de la population. La société est à cette heure un escalier tout le long duquel on entend monter des pas derrière soi : les uns s’effraient de ce bruit mystérieux et en sont tout pâles ; d’autres s’en réjouissent et crient à la déli-