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ménagerie passent devant sa loge. Ces liaisons se sont déjà présentées plusieurs fois. Il y a quelques années, une lionne et un chien vivaient familièrement à la ménagerie dans la même cage. Le chien vint à mourir. La lionne entra dans une douleur tempétueuse et refusa toute consolation. Dans la crainte de la perdre, on imagina de chercher un chien tout semblable au défunt et de l’introduire dans la loge pendant le sommeil de la lionne. À son réveil, elle trouva l’étranger et le tua. On renouvela l’expérience jusqu’à cinq fois. la lionne se montrait impitoyable dans son chagrin, lorsque, un sixième individu ayant été amené, elle l’adopta et se dépouilla dans son commerce de la grande désolation qui l’avait saisie. Qu’avait ce dernier chien pour complaire à la lionne mieux que les cinq autres ? Nul ne le sait. Cette prédilection des animaux les uns envers les autres aurait-elle sa source dans le caractère que chacun d’eux exprime par ses traits extérieurs ? Ceux qui vivent dans la société intime des hôtes de la ménagerie ne seraient pas éloignés de le croire. Ayant vu le gardien caresser un lion qui venait d’arriver pendant la matinée au Muséum, nous lui en témoignâmes notre étonnement. « On juge tout de suite, nous répondit-il, à la physionomie ceux qui sont méchans ou ceux qui ne le sont pas. » Il y aurait donc une science de Gall et de Lavater à étendre aux animaux. Le trait suivant nous a été rapporté par M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, qui a reçu de la naissance la mission difficile de continuer son père, et toutes les facultés heureuses pour la remplir : un dogue de très grande taille alar-