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maine ; sa présence se rattachait aux créations antérieures par des liens si intimes et des progrès si continus, qu’il fut moins dans l’ensemble des choses un objet d’étonnement que de nécessité.

Ce dernier ouvrage, par lequel la nature couronne une série d’événemens et de merveilles, fait encore naître dans l’esprit une autre pensée. À la vue de ces mondes en ruines qui ont précédé l’homme, on se demande si l’état actuel du globe est désormais invariable ? y a-t-il encore au sein de l’Océan de nouvelles chaînes de montagnes à soulever ? Serons-nous encore une fois submergés et renouvelés ? L’homme est-il le dernier mot de la création ? Les géologues croient généralement que la terre, après avoir subi, pendant le cours des siècles, les changemens nécessaires à sa formation, est maintenant fixée. D’autres soutiennent au contraire que la nature n’en a point fini avec les révolutions. Selon eux, l’espèce humaine, après avoir accompli ses destinées, sera remplacée à son tour ou du moins dominée par une autre race d’êtres supérieurs à elle, comme les animaux des temps anciens l’ont été par d’autres animaux. Après le monde des reptiles, le monde des pachydermes, le monde des carnassiers, puis en dernier lieu le monde de l’homme ; y aura-t-il un jour le monde d’un être encore inconnu, qui serait un progrès sur l’homme comme l’homme en a été un sur le singe ? Mais hâtons-nous de quitter cette sphère des conjectures : si le passé de la terre nous offre déjà tant d’incertitude, il y aurait de la témérité à aventurer ses regards dans un avenir qui présente encore bien plus de ténèbres.