Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contemporain de cet événement dévastateur qui marque par sa trace encore visible l’avant-dernier âge de la terre. La nature n’a pas voulu risquer son dernier et son plus bel ouvrage à travers les chances de perte que ce cataclysme étendait sur tous les habitans de l’ancien monde.

Les mammifères ont paru à deux reprises différentes, que l’homme ne se montre pas encore. La nature diffère la naissance de cet être privilégié jusqu’à un troisième état de choses plus stable et plus proportionné à ses forces. Cette précaution dilatoire nous paraît admirablement rendue dans la Bible par le conseil que Dieu tient en lui-même : faciamus hominem, faisons l’homme ! Avant que ce nouveau maître s’en vint prendre place au sein de la création, il fallait que le monde eût été préparé et remanié de longue date pour le recevoir. Cependant, le moment était arrivé. C’est alors que l’homme, prévu de toute éternité dans les desseins de la Providence, précédé et, selon d’autres, amené par les animaux qui se succédaient d’âge en âge, se manifesta à jour fixe sous la forme qui lui était propre, et homo factus est. Nous rencontrons encore ici deux systèmes : l’un qui veut que chaque être et l’homme, en particulier, soient l’objet d’une création individuelle, isolée, distincte ; l’autre, selon lequel l’homme, après avoir traîné le long des siècles une existence végétale au sein des plantes, et avoir parcouru l’échelle animale tout entière depuis la monade jusqu’au singe, aurait fini par accomplir de lui-même, sous l’action d’une volonté divine, un dernier progrès. Goethe était en Allemagne