Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

au lieu de le placer dans la Cité, qui est vraiment le centre de Paris, c’est que la civilisation, dont on peut répéter la marche dans nos grandes villes, a commencé avec l’humanité sauvage, au milieu de la nature et du règne animal. Le genre humain est sorti avec le temps de ces régions basses et obscures de la vie ; il a rejeté le règne animal en arrière par la série rapide de ses progrès ; chargé d’infirmités originelles, dont le mouvement de la civilisation a eu pour résultat de le guérir, du moins en partie, il s’est avancé vers des destinées plus grandes. Passer en revue cette série d’établissemens, où la capitale concentre, en les soignant, toutes les misères de l’âme et du corps, ce sera suivre la marche du genre humain à travers les profondeurs de l’idiotisme, les ténèbres de la folie, le silence de la surdi-mutité, l’immobilité de l’aveuglement, et toutes ces maladies anciennes, dont les infirmités qui existent encore sur le globe, ne sont que des restes, des traces conservées. Il n’y a pas jusqu’à nos cimetières dans lesquels nous ne retrouvions une image de l’état naturel à l’homme, avant la civilisation ; enveloppé qu’il était alors dès sa naissance dans les langes de la mort. La promiscuité des sexes, qui est une source d’abandon pour l’enfance, a été le point de départ des races humaines : nous en verrons reparaître les vestiges dans l’hospice des Enfans-Trouvés. Un des derniers sentimens qui s’organise chez l’homme et dans une nation, c’est celui de la prévoyance : il nous faudra arriver au Paris moderne, et en quelque sorte à la couche la plus excentrique pour trouver dans l’institution de la caisse d’épargne, un